- TARRAGONE
- TARRAGONETARRAGONELa ville de Tarragone, en Catalogne, est traversée par la voie de communication la plus ancienne et la plus fréquentée qui relie l’Espagne à l’Europe. Elle est située à l’intersection de trois réseaux commerciaux essentiels pour la vie du pays: la ligne de communication entre la Catalogne et le Levant, celle de la côte avec l’intérieur catalo-aragonais et celle de la Catalogne avec la Meseta intérieure de Castille. Placée sur un contrefort qui garantit la sécurité à son port maritime, dotée d’un climat tempéré et d’un arrière-pays agricole riche, Tarragone fut dès la préhistoire un centre urbain important: c’est aujourd’hui une capitale de province qui tire ses ressources du tourisme et de son activité industrielle.Tarragone est le siège d’un archevêché et les monastères cisterciens de Poblet et de Santas Creus, nichés dans de superbes vallées de l’intérieur, sont les vestiges qui témoignent de cette importance.Au \TARRAGONE IIIe siècle, au moment des guerres entre Rome et Carthage, la ville avait été le camp d’hiver de Scipion. Il en subsista le mur de fortification de l’acropole. D’appareil cyclopéen dans la partie inférieure, il fut reconstruit par les Romains en pierre de taille lorsqu’on refit l’ensemble de la ville, et celle-ci s’appela alors Tarraco. Jules César lui conféra le titre de Victrix triumphalis . La population de la ville atteignit alors 30 000 habitants et Tarragone devint la capitale d’une vaste province romaine. La trame urbaine était irrégulière et la population établie sur des terrasses échelonnées de l’acropole au port. Sur les hauteurs se trouvaient les temples consacrés l’un à Jupiter, l’autre à Auguste; au centre, le forum occupait le rectangle que l’on remarque encore sous les grands escaliers de la cathédrale, cette dernière ayant été construite à la place du temple de Jupiter. Sur la terrasse inférieure, où sont aujourd’hui les quartiers de la ville moderne, se trouvaient le cirque, le théâtre et les thermes, ainsi que les temples d’Isis et de Mithra; au pied de la colline, près de la mer, il y avait un amphithéâtre. Aux IVe et Ve siècles, on construisit hors de la ville une basilique chrétienne qui fut à l’origine d’un nouveau quartier juxtaposé à la ville païenne. Il reste peu de vestiges de ces monuments, à l’exception de l’amphithéâtre, conservé en grande partie, et des nombreuses sculptures et fragments décoratifs conservés au Musée archéologique installé dans l’ancien prétoire. Cet édifice romain, situé sur le forum, est aussi connu sous les noms de palais d’Auguste et château de Pilate.Les monuments antiques conservés aux environs de Tarragone sont d’une très grande importance pour l’art provincial romain. Le plus spectaculaire est l’aqueduc des Ferreras, dans la vallée du Francoli, à 3 kilomètres de la ville. Il fut restauré à l’époque musulmane, puis en 1855. Il a 26 mètres de hauteur et on suppose qu’il date de l’époque de Trajan. La tour des Scipions est une construction romaine située à 6 kilomètres de Tarragone sur l’ancienne via Augusta. Cet édifice carré fut sans doute un monument funéraire de l’époque du prétoire. Non loin de là, légèrement à l’écart de la route, se trouve la carrière du Médol, d’où les Romains extrayaient leur pierre, et au centre de laquelle ils érigèrent un obélisque. Plus éloigné de la ville, à 20 kilomètres, toujours sur la même route qui mène à Barcelone, s’élève l’arc de Bará, construit en pierre de taille à l’époque de Trajan. C’est un arc de triomphe à doubles pilastres corinthiens, de composition sobre et harmonieuse, qui rappelle l’arc de Suse, en Italie.La nécropole et le musée de Saint-Fructueux sont des monuments intéressants de l’époque romano-chrétienne, situés à l’entrée de Tarragone, sur la route de Valence. Mais le plus beau monument de cette époque, unique en son genre en Espagne, est le mausolée de Centcelles, à 5 kilomètres de Tarragone. C’est un édifice du IVe siècle formé de deux carrés de 15 mètres de côté. L’intérieur est circulaire, avec quatre niches aux angles et une coupole semi-sphérique dont on a conservé les mosaïques. Ce monument a été restauré par l’Institut allemand en Espagne.Avec l’invasion wisigothe au Ve siècle, Tarragone entre dans une période obscure et voit décroître son importance. Elle ne la recouvre pas avec l’invasion musulmane, et la capitale de la province est alors Tortosa. Mais avec la reconquête de la ville en 1118 commencera une étape de prospérité pour la cité et pour la région, où seront fondés à la fin du XIIe siècle les monastères de Poblet et de Santas Creus. Dans Tarragone, on édifie à l’emplacement du temple de Jupiter la cathédrale gothique, classée parmi les monuments de l’école cistercienne hispano-languedocienne. La façade principale est d’une simplicité imposante, et il faut admirer les sculptures du portail exécutées entre 1277 et 1328 par Maître Bartomeu et son école. L’intérieur comporte trois nefs aux nombreuses chapelles adjacentes; le maître-autel en albâtre est dû au grand sculpteur catalan du XVe siècle Pere Johan. Par la finesse de son exécution et sa stylisation, c’est bien le chef-d’œuvre de la fin d’une culture qui a su transformer les modèles nordiques en création véritablement méditerranéenne.Il faut signaler en outre les orgues de la cathédrale, la chapelle Renaissance du Saint-Sacrement (1580-1592) et la chapelle néo-classique de Sainte-Thècle (XVIIIe s.). Mais l’ensemble serait incomplet si l’on ne tenait pas compte du cloître gothique et des dépendances contiguës, où est installé le Musée diocésain, qui renferme des peintures, des sculptures, des objets liturgiques et surtout une riche collection de tapisseries.L’architecture civile gothique est dignement représentée à Tarragone où se trouvent, sur la place de la Cathédrale, le palais de la Camarería et le musée Molas. Mais le monument le plus important est l’ancien Hôpital de la ville, œuvre du XVIe siècle qui s’insère dans un ensemble urbain qui comprend aussi l’ancien quartier juif.Du XVIIe au XXe siècle, Tarragone mène une existence provinciale sans grand relief, et aucun édifice important n’est construit. À cette époque, la ville prospère et active de la région est Reus.Mais dès le début du XXe siècle commence pour Tarragone une nouvelle étape d’expansion démographique et économique, que l’affluence du tourisme vers les plages du littoral est venue accroître. Avec ses quartiers modernes aux larges rues bien tracées, Tarragone est une ville attrayante. La Rambla est le centre actuel: c’est une large avenue qui articule et sépare à la fois la vieille ville et la ville moderne.Les activités industrielles de la ville (110 000 hab. en 1991), dominées par le raffinage du pétrole et la pétrochimie, sont liées à l’expansion du port; celui-ci, avec un trafic de 23,5 millions de tonnes en 1993, est le troisième port espagnol.Tarragone(en esp. Tarragona) v. d'Espagne (Catalogne), port sur la Méditerranée; 112 360 hab.; ch.-l. de la prov. du m. nom; Industr. Tourisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.